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Développement urbain durable : la parole est aux villes

La Dre Anke Karmann-Woessner a publié un article sur le blog du DGNB, en juin 2020. En tant que membre émérite de notre Réseau, nous avons le plaisir de partager son article sur une des thématiques du RIVM : le développement urbain.

La Dre Anke Karmann-Woessner s’est spécialisée dans le développement urbain pendant de ses études en architecture. Elle a continué dans ce domaine en travaillant pendant plus de dix ans pour la Bavarian State Building Authority. Elle enseigne toujours le développement régional, l’urbanisme et la gestion urbaine dans des universités à l’international et est responsable des programmes de financement européens. Pendant plus de dix ans, elle a occupé le poste de directrice de l’urbanisme, d’abord à Stuttgart, puis à Karlsruhe à partir de 2013. Elle partage son expérience avec le comité du DGNB en matière de développement urbain durable et, depuis 2019, avec le conseil d’administration du DGNB, promouvant également le partage des connaissances à l’échelle nationale et internationale.

« L’évolution des infrastructures de déplacement, la transition énergétique, la protection du climat, la demande de logements abordables, les programmes d’engagement civique et la transformation numérique sont des défis de taille qui font aujourd’hui partie intégrante de la vie en ville et en agglomération. Beaucoup a déjà été fait pour mettre en place des programmes de développement urbain durable dans les municipalités. Et ce n’est pas la pandémie de COVID-19 qui fera ralentir la pression. Aujourd’hui, il est plus que nécessaire de faire changer les choses dans l’administration gouvernementale !

L’évolution des infrastructures de déplacement, la transition énergétique, la protection du climat, la demande de logements abordables, les programmes d’engagement civique et la transformation numérique sont des défis de taille qui font aujourd’hui partie intégrante de la vie en ville et en agglomération. Beaucoup a déjà été fait pour mettre en place des programmes de développement urbain durable dans les municipalités. Et ce n’est pas la pandémie de COVID-19 qui fera ralentir la pression. Aujourd’hui, il est plus que nécessaire de faire changer les choses dans l’administration gouvernementale !

Au cours de la dernière décennie, deux éléments fondamentaux ont permis au développement durable d’évoluer considérablement. Le premier est que les Nations Unies sont parvenues à un accord multinational concernant les enjeux du développement urbain durable et le second est que les villes ont pour la première fois eu leur mot à dire dans le débat politique mondial.

Des accords essentiels pour les villes et le développement durable

Le rythme s’est accéléré vers le milieu des années 2010. Pour la première fois, les États sont parvenus à un accord sur 17 objectifs de développement durable et ont manifesté leur intention de protéger activement le climat en ratifiant l’Accord de Paris. Par la suite, les Nations Unies ont publié le Nouveau Programme pour les villes pour expliquer clairement les mesures que les villes devaient adopter.

Cette année, sous la présidence allemande du Conseil de l’Union européenne, la nouvelle Charte de Leipzig sur la ville européenne durable sera adoptée. Les villes s’engageront ainsi à ce que l’urbanisation soit équitable, verte et productive. Cette charte s’appuie sur la Charte de Leipzig signée en 2007, toujours considérée comme une référence en Europe en matière de développement urbain intégré.

La Charte de Leipzig : trois mesures concrètes

Le Pr Klaus Beckmann, président de l’ARL, a étudié les principaux domaines d’action de la nouvelle Charte de Leipzig. Il en ressort que le succès dépend d’une vision et d’une collaboration communes entre les gouvernements, les États, les autorités municipales, les législateurs, les principales parties prenantes, les entreprises et le grand public.

1. Participation sociale pour tous : Il s’agit de lutter contre les inégalités sociales, économiques, numériques et spatiales grâce à l’intégration, l’accès à l’emploi, l’éducation, le logement, les équipements, les loisirs, les soins de santé et les moyens de communication. Toutefois, la lutte contre les inégalités dans le changement climatique joue également un rôle important.

2. Accélérer la transition énergétique, la protection du climat et la conservation des ressources : ici, la solution réside dans le recyclage en circuit fermé et une planification efficace, cohérente et suffisante.

3. Réglementation et politique d’occupation des sols actives, participatives, transparentes et équitables en matière de logement : les politiques constructives dans ce domaine encouragent la mixité des espaces, l’utilisation durable des sols et l’introduction d’espaces publics. Et ils encouragent surtout le débat sur la disponibilité des sols !

La transformation numérique est un enjeu de taille, inscrit dans tous les domaines de la nouvelle Charte de Leipzig. Elle concerne les infrastructures de haut débit, l’innovation technologique dans les bâtiments, les systèmes de transport durables et la communication connectée.

Le Pacte d’Amsterdam donne de l’importance aux villes

Au cours des dernières années, ces évolutions ont permis aux États de réaliser que les villes jouaient un rôle central en matière de développement durable. Adopté par l’Europe en 2016, le Pacte d’Amsterdam met en évidence le rôle prépondérant des villes. Il a donné naissance au Programme pour les villes de l’Union européenne, qui souligne la nécessité d’adopter une gouvernance à plusieurs niveaux, pour permettre enfin aux villes d’apporter une contribution sans équivoque à la politique de l’UE, d’après leurs expériences. Les villes ont été appelées à former 14 partenariats pour échanger autour de certaines thématiques : l’emploi et les compétences dans l’économie locale, la transition numérique, la mobilité urbaine, la culture et le patrimoine culturel, ainsi que la sécurité dans les espaces publics. Elles ont également été invitées à participer aux processus législatifs, aux programmes de financement et au renforcement des réseaux. Karlsruhe est la seule ville allemande ayant participé au programme. En 2017, elle a collaboré avec la République tchèque pour échanger autour des défis liés à la mobilité urbaine. Ce projet se terminera en 2020 par neuf mesures phares.

Ce qu’on attend d’une ville moderne

Voici pour les formalités. Mais de quels défis parle-t-on à Bruxelles et dans toutes les villes du monde ? Au cours des dernières années, deux sujets clés sont passés sur le devant de la scène et continueront de faire parler d’eux.

Le niveau de vie

Depuis quelques années, on assiste à une « renaissance des villes ». Les centres-villes sont redevenus plus attrayants pour y vivre et s’y promener. Mais cela va de pair avec un problème important concernant la qualité de vie dans les villes, où tant de progrès ont été réalisés. Pour certaines villes, l’enjeu est désormais de mieux gérer leurs zones défavorisées et de repenser les espaces publics, souvent symboles de démocratie et d’engagement civique. Les zones urbaines et la mixité des quartiers retiennent également l’attention. Puisque les gens aspirent à se sentir chez eux, les quartiers doivent accorder la priorité au bien commun, à la solidarité et à la culture du partage. Cela pousse également la réflexion sur la densité urbaine, les lieux de plein air et la demande de logements abordables.

Les villes soumises à des contraintes

Depuis quelque temps, les urbanistes étudient la « résilience » des villes, en raison notamment des défis à relever à l’égard du changement climatique. L’objectif est de développer des stratégies pour maintenir le rôle essentiel que jouent les communautés urbaines, malgré les contraintes et les perturbations. Un bon nombre de villes sont à l’ouvrage dans ce domaine afin de devenir plus « résilientes ». Récemment, un amendement au Code de la construction allemand a durci les audits environnementaux visant à évaluer la capacité des bâtiments à faire face au changement climatique et aux risques de catastrophe.

Cela montre que la réflexion sur la résilience est véritablement ancrée dans le droit allemand. Mais qui aurait pensé qu’un autre « facteur perturbateur » – le COVID-19 – surviendrait en 2020 ? Le coronavirus ravive l’urgence de ces demandes et les urbanistes discutent maintenant de toutes sortes de scénarios : « À quoi devrait ressembler notre environnement s’il fallait y passer plusieurs semaines ? » L’une des réponses les plus évidentes à cette question n’a rien de nouveau : dans une ville, tout doit être à proximité. À Karlsruhe, on parle de « ville des 5 minutes ».

Trois grandes priorités à l’horizon

Pour parvenir à un développement urbain durable, il faut s’attaquer à trois défis de taille : la mise en œuvre effective des objectifs de gestion urbaine, le grand écart entre les grandes villes et les petites villes et le manque d’approches holistiques. Voici donc ce qu’il faut faire :

1. Faire remonter les problèmes jusqu’à l’administration publique des villes. Pour cela, il faudrait disposer de budget, de recommandations et de personnes prêtes à faire campagne pour défendre certains sujets du processus de planification.

2. Renforcer les « villes compactes », notamment dans les communautés environnantes.

3. Adopter une approche holistique à l’égard des sujets de développement durable, comme le souligne le système du DGNB pour les quartiers. L’énergie en est un exemple. Beaucoup de choses ont déjà été accomplies en matière de déplacement écoresponsable et de rénovation écoénergétique. Néanmoins, la consommation d’énergie, et donc l’empreinte carbone, sont encore beaucoup trop élevées. Le problème est qu’il y a trop de banlieusards, de grandes maisons et d’augmentations de loyer suite aux rénovations. Les enjeux du développement durable n’ont toujours pas trouvé leur place dans les comportements personnels.

Être productif et rester optimiste

La situation actuelle m’a permis d’apprendre une chose fondamentale pour l’avenir. Notre résilience mentale sera plus forte si on ne recourt pas aveuglément à l’optimisme et si on cesse de prétendre que les choses ne sont pas ce qu’elles sont. Nous devons adopter une attitude productive et regarder vers l’avenir avec optimisme. »

Lire l’article en Anglais avec les liens et les documents à télécharger

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